Pour donner un avenir à nos châtaigniers, peut-être faut-il commencer par les regarder à nouveau - pour les voir et les considérer ?
C’est l’objectif de l'exposition "Castagnu: bois d'oeuvre" qui sera présentée à la Bibliothèque universitaire de Corte du 5 septembre au 5 octobre : nous permettre de nous émerveiller devant leur beauté harmonieuse ou chaotique et de susciter le désir d’en prendre soin, dans une nouveau pacte domestique.
Pour guider notre regard, une diversité de représentations artistiques des châtaigniers corses, portées par une vingtaine d’artistes aux pratiques et aux parcours variés vont être présentées.
Peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs, illustrateurs, graphistes, designers, documentaristes, artistes numériques.. Tous ont fait duchâtaignier leur bois d’oeuvre. Tous rappellent combien aujourd’hui encore cet arbre occupe une place unique dans notre imaginaire et dans notre culture.

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Le châtaignier est notre arbre-monde : per cinque seculi, ci ha accumpagnati, da u veculu à a cascia : il a fourni l’alimentation des hommes et des animaux ; il a donné le bois de chauffage, le bois de construction et d’artisanat ; il a façonné nos paysages et nos imaginaires.
Fragilisé par les bouleversements de la Modernité et l’exode rural massif qui en a découlé, il est peu à peu devenu la métaphore d’un intérieur voué à l’abandon. L’élan du Riacquistu a permis de maintenir quelques forces et à partir des années 1980, une filière s’est structurée avec passion et efficacité. Mais l’entretien de la châtaigneraie se joue à une autre échelle. Malgré un équilibre écologique retrouvé grâce à la victoire contre le cynips, la situation est aujourd’hui critique : vieillissement des arbres, vieillissement des professionnels, réchauffement climatique, conflit d’usages de la châtaigneraie, baisse de la production, changement des habitudes de consommation…
Pour donner un avenir à nos châtaigniers, nous pensons qu’il faut commencer par les regarder à nouveau ; pour les voir et les considérer.
C’est l’objectif de cette exposition : nous permettre de nous émerveiller devant leur beauté harmonieuse ou chaotique et de susciter le désir d’en prendre soin, dans une nouveau pacte domestique. Pour guider notre regard, nous avons choisi de présenter une diversité de représentations artistiques des châtaigniers corses, portées par une vingtaine d’artistes aux pratiques et aux parcours variés.
Peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs, illustrateurs, graphistes, designers, documentaristes, artistes numériques.. Tous ont fait du châtaignier leur bois d’œuvre. Tous rappellent combien aujourd’hui encore cet arbre occupe une place unique dans notre imaginaire et dans notre culture.
Entre enjeux patrimoniaux, écologiques, économiques et politiques, la châtaignier se pense et se cultive au futur.
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Hélène Bonardi
Je vis et travaille à Bocognano comme illustratrice, peintre, graphiste, maman de deux enfants et, depuis 2022, éditrice. Après des études à l'Institut d'études politiques de Toulouse et diverses expériences, j'ai créé mon entreprise. Je peins à l'aquarelle, à la gouache ou à l'encre de Chine et je travaille avec des agriculteur-rice-s, artisan-e-s et petit-e-s commerçant-e-s, associations, communes et communautés de communes, reflet de mon choix de vivre dans mon village. Mes livres mettent en scène des enfants courageux-ses et racontent des tranches de vie entre réalisme et mythologie. Les légendes ancestrales, la protection de l’environnement et la vie pastorale sont des thèmes qui me tiennent à cœur.
Béatrice Bonhomme
Née à Reims en 1961 de parents très bricoleurs ; une vraie professeur de dessin pendant toute la période du collège et une professeur de lycée qui a transmis à ses centaines d’élèves son amour de l’art ; ensuite, les Beaux Arts de Reims, puis la belle école des Arts Décoratifs de Strasbourg, et la Cadière d’azur pendant 16 ans. Je vis maintenant en Corse depuis 2002. La relation de l’humain à la nature, au végétal surtout, habite mon travail. Voir, observer, façonner, déplacer, composer, tailler, découper, multiplier… ce vocabulaire est commun au jardinier et à la peintre que je suis.François de Casabianca
Naissance et enfance en Castagniccia, à A Porta. Il renonce à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris pour des raisons familiales et décide de faire des Etudes Supérieures d’Agronomie. Après 8 ans à Madagascar et deux au Maghreb, il s’engage dans la recherche agronomique au sein de INRA pour œuvrer au développement des zones de montagnes corses et méditerranéennes. Après 23 ans d’exercice passionné – étant notamment le chercheur de référence INRA sur la châtaigne et la châtaignier – fortement déçu par les autorités politiques et professionnelles corses, il décide de se consacrer à sa passion originelle – la peinture – où s’expriment ses origines rurales méditerranéennes.Tonì Casalonga
Après avoir étudié à l'École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, puis à l'Accademia di belle Arti de Rome et à l'Atelier 17 de S.W. Hayter, il retourne en Corse. Il installe son atelier à Pigna et fonde en 1964 La Corsicada, coopérative des artisans d’art. Artiste majeur du Riacquistu, Tonì Casalonga bâtit une œuvre complexe, d'une grande richesse iconographique, impliquée et libre. Il a exposé ses gravures, sculptures et peintures dans de nombreuses galeries européennes et au Canada. Il a scénographié des créations musicales à travers l’Europe et a été directeur artistique de l'auditorium de Pigna.Pierre-Antoine Casanova
Pierre-Antoine Casanova a 25 ans et vit à Piedigriggio. Passé par la Villa Arson, à Nice, il réalise des pièces et des expérimentations qui empruntent autant au jeu vidéo qu’au cinéma. Il développe patiemment une œuvre où se mêlent technologie, paysage et mélancolie et s’apprête à rejoindre l’école des Gobelins à Paris, spécialisée dans la création visuelle.Claire Cecchini & Cécile Carer
Claire Cecchini est une poétesse, journaliste et éditrice (éditions Fabulla / Materia Scritta), qui vit entre Paris et la Corse (elle est originaire de Propriano). Elle a notamment créé la revue Fabulla en 2013, une revue artistique d’anticipation politique corse. Cécile Carer est une artiste plasticienne vivant à Paris. Elle compose des dessins mi-réalistes mi-oniriques questionnant les mythologies modernes. Férue de linogravures, elle aime explorer d’autres techniques comme la risographie en couleurs. Illustratrice, elle inscrit volontiers son travail dans des projets en lien avec des territoires et des grands espaces.Baptiste César
Artiste pluridisciplinaire originaire de Tavera, il vit et travaille à Paris depuis 2019. Sa pratique s’adapte aux contextes et se décline à travers une grande variété de médiums, choisis en,fonction des projets. Diplômé en 2006 du DNSEP à la Villa Arson à Nice, il poursuit ensuite un,postgrade « Art–Lieu–Paysage » à la HEAD de Genève, obtenu en 2008. Profondément attaché à la Corse, il y a mené plusieurs résidences artistiques. En 2023, lors de sa résidence à Casell’Arte à Venaco, il réalise une série de dessins et de gravures au laser sur carreaux de faïence, consacrée à des châtaigniers remarquables de l’île.Marcè Lepidi
Marcel Lepidi est un artiste autodidacte maître d’un pop art aux couleurs insulaires. Il se joue des codes et des personnages historiques corses d’hier pour mieux mettre en lumière, avec talents et humour, des réalités sur la société d’aujourd’hui. Ses lithographies sont crées depuis son atelier de Lumio, en Balagne. Depuis maintenant 15 ans, il fait rire et interroge via des œuvres originales à l’identité marquée.Bernard Filippi
Né à Tox en 1950, il fait partie de la section artistique du Lycée de Bastia. Après des études en arts plastiques à Paris, il y enseigne, d’abord au lycée puis à l’université. Peintre, graveur et lithographe, il participe depuis 1970 à plusieurs salons et manifestations en France et à l’étranger. En 1973, avec Ange Leccia, Jean- Paul Pancrazi et Antoine Graziani il est fondateur du « Groupe Tox » qui inaugure une série d’expositions à la Maison des jeunes et de la culture de Bastia. Avec François Retali et Jean-Louis Fieschi (Falellu) il anime l’association pour la
valorisation de l’Art (AVA) qui de 1991à 2005 organise de nombreuses expositions en Corse et à l’international. Il fait paraître plusieurs ouvrages de bibliophilie où ses créations accompagnent des poésies et il est aujourd’hui, représentant des créateurs en arts plastiques au conseil économique, social, économique, environnemental et culturel de Corse.Antoine Graziani
Poète, écrivain, peintre et vidéaste originaire de Castagniccia, Antoine Graziani est né à Bastia en 1951. Depuis 2011 il est de retour en Corse, après avoir vécu et travaillé de 1980 à 2010 à Paris et Fontaine-de-Vaucluse. De 2003 à 2007, il a été membre du Conseil d’administration de la Maison René-Char à L'Isle-sur-la-Sorgue.
Il a publié de nombreux recueils de poésie et une vingtaine de livres d’artistes. Il a été plusieurs fois commissaire d’exposition de peintures et de photographies, et est l’auteur de plusieurs courts-métrages vidéo.Léa Maurizi
Léa Maurizi est dessinatrice et autrice de bande dessinée. Artiste pluridisciplinaire, elle pratique entre autres, le modelage, la gravure et la photographie. Scénariste de formation, elle a travaillé sur plusieurs courts métrages de fiction et se dirige aujourd’hui vers le documentaire. Dans l’ensemble de son travail, qu’il soit scénaristique ou graphique, Léa s’attache à représenter la société corse dans laquelle elle vit et a grandi, entre Bastia, le Niolu et la plaine orientale.Geneviève Michon
Ethnobotaniste, chercheure et photographe, Geneviève Michon a développé un travail autour des arbres qui accompagnent le quotidien des populations rurales, agricoles et forestières, dans le monde : fruitiers et arbres à épices ou à résines sous les tropiques, l’Arganier au Maroc, et bien sûr, le Châtaignier en Corse. Ces « arbres paysans » portent dans leurs formes complexes la mémoire des longues interactions entre l’Homme et l’Arbre. Co-produits par la rencontre entre l'intelligence humaine et l'intelligence végétale, ils incarnent une forme alternative de domestication, patiente dans la durée, au plus près des respirations végétales, et sans violence. Pour restituer cet esprit, Geneviève effectue sur ses clichés un long travail graphique, comme une sculpture douce de la lumière, qui amène la photo aux frontières du dessin et de la peinture.Ghjiseppu Orsolini
Artiste qui a marqué la production plastique et graphique du Riacquistu, Ghjiseppu Orsolini a été formé à l’école d’art de Marseille puis à l’institut des arts de Paris. A une certaine radicalité artistique, il associe une rigueur ethnographique qui lui permettra d’occuper le poste de conseiller architectural du Parc Naturel Régional de Corse. Auteur de plusieurs ouvrages sur le patrimoine bâti et peint de l’île, il a également été enseignant d’histoire de l’art à l’Université de Corse et professeur de dessin à Corte.Francette Orsoni
Après des études supérieures de littérature à Paris, Francette Orsoni s’installe dans son village de Veru comme artiste-artisan. Engagée dans le Riacquistu avec la publication de U Paradisu secretu di Fighidigna, elle se forme au CPS, participe activement à la Corsicada, mais trace une voie très personnelle. Toujours en quête d’un vocabulaire graphique élémentaire, elle crée des tapisseries, pratique la gravure et réalise les illustrations de ses histoires bilingues, pour la jeunesse, qu’elle édite au fil du temps . Depuis plus de 30 ans, Francette Orsoni maintient aussi la flamme du conte. Entre ethnologie, mise en récit et mise en rythme, elle collecte, recrée et raconte des histoires nées sur cette terre qui la mènent à des alliances avec la musique et la danse contemporaine.Charlotte Raffalli
Charlotte Raffalli a toujours dessiné. Souvent à la sauvette, sur des bouts de papier, sans vraiment y penser, elle n’a jamais cessé d’au moins gribouiller avec des stylos qui traînaient. Tout comme elle n’a jamais cessé de redéfinir son lien avec la Corse, parfois dans la distance, mais avec une tendre constance. C’est pour faire ressurgir les souvenirs d’enfance qu’elle s’est remise au dessin pour de bon. En assumant le plaisir qu’elle éprouve et qu’elle offre en redonnant vie à des visages, des traditions et des gestes aimés. Pour des affiches, des clips ou des projets éditoriaux, elle déchausse désormais son bic avec conviction, pour reproduire ou imaginer des scènes de vie pleines de sensibilité.Mario Sabaty
Après le lycée Clémenceau de Sartène, j’ai été admis aux Arts Déco de Nice. A l’issue de cette formation, j’ai ouvert et tenu plusieurs années un atelier de peinture sur soie sur la côte d’Azur. Dans les années 1980-90, je suis rentré en Corse en continuant à exposer mon travail sur soie sur la côte Atlantique, tandis que mes tableaux acryliques étaient présentés sur l’île mais aussi à Marseille, Biarritz, Nice, Rome, Deauville… Je commençais aussi à produire quelques pièces de marbre et de granit. Dans les années 2000, l’apprentissage de matières plus inattendues comme
le ciment, la chaux, les enduits, le métal, m'ouvrait d’autres horizons. Mon travail protéiforme se nourrit de la poésie des choses en devenir.
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Rolling Castagne & Thomas Silvert, dit LeJaune
Illustrateur, scénariste et co-fondateur du collectif Pi2K2 (collectif d'artistes corses et suisses) Après des études de cinéma, d'arts du spectacle et l'École Nationale Supérieure de la Photographie, il commence sa carrière comme scénariste et comédien. C'est lors de jams de films d'animation et de jeu vidéo du (merveilleux) fablab de l'université de Corse qu'il décide avec ses amis proches de créer un collectif d’artistes. Fan depuis de nombreuses années du roller derby, il signe l’affiche pour le premier événement organisé par le club de Bastia -les Rolling Castagne. Il réalisera quasiment toutes les autres affiches du club jusqu'à aujourd'hui, créant ainsi une identité visuelle forte, en mesure de montrer les valeurs véhiculées par ce sport : la sororité et l'indéniable esprit rock’n roll.Super Châtaigne
Super Châtaigne c'est une histoire de famille, celle d'une mère, Bastienne Ferrandini et de ses deux filles Laura et Marie-Elisabeth. Mais Super Châtaigne c'est aussi la volonté de donner à nos enfants les outils pour s'amuser, apprendre et s'émanciper, à travers un concept de boutique à Corte et de studio de création et de design, produisant des outils de médiation culturelle à destination du jeune public.Castagnina
En bonne Orezzinca, Vannina Bernard-Leoni a toujours eu un lien très fort avec le châtaignier. Pour en témoigner et propager cet attachement, elle a créé Castagnina, une marque d’objetsinspirés par la châtaigne ! Elle s’est ainsi rapprochée de super créateurs locaux passionnés, attachés à l’authenticité des matériaux et des savoir-faire. Ustensiles, décoration, jouets, textile, bijoux… De quoi mettre des châtaignes dans votre vie & da fà campà i castagni ! -
Ghjente di a castagna (Gens de la châtaigne)
Documentaire écrit et réalisé par Laurent Billard et Jean Froment
2022, 52 mn, Les films du TourbillonElle tourne ... Elle tourne tourne dans nos mémoires, dans nos têtes. Depuis la nuit destemps. Et elle tombe, tombe au sol la châtaigne. Les jours de grand vent. Et tombe aussi dans l’oubli des gens. Elle était reine puis oubliée, abandonnée, méprisée, quasi disparue. Et puis elle revient, lentement mais sûrement, portée par son arbre nourricier, l’arbre à pain. Et par la parole et le travail des gens de la châtaigne.
Châtaigniers, des racines pour nos lendemains
Documentaire écrit et réalisé par Caroline Puig-Grenetier
2020, 52 mn, Intervista ProdDans la collection « Aux arbres citoyens » : Choisir de construire une France plus verte
pour préserver les régions, les forêts, le climat, la terre et les mers, c'est ce qu'ont décidé
certains citoyens. En Corse, retour sur l'histoire du châtaignier, un arbre emblématique de
la vie insulaire qui a connu bien des péripéties !Un clip
Tù, Castagnu,
Una Fiara Nova, A l’iniziu d’ogni cosa, 2025.
Une chanson écrite par Marcellu Acquaviva et mise en musique par Jean-Philippe Giovanetti
Clip réalisé par Pasquale Picoury et Céline Benedetti.
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